Zum Konzert am 1. September 1963 in Genf
Die Welt, 3. September 1963
Benjamin Britten am überzeugendsten
Uraufführung bei der Centenarfeier des Roten Kreuzes
Zur Hundertjahrfeier des Roten Kreuzes hatte das Schweizer Komitee bei drei namhaften zeitgenössischen Komponisten neue Werke in Auftrag gegeben, die während eines repräsentativen Festaktes im Grand Théâtre zu Genf uraufgeführt wurden. Bei allen Unterschieden der persönlichen Haltung lag ihnen vernehmlich das gemeinsame Streben zugrunde, den humanitären Gedanken der weltweiten Hilfsorganisation nicht zu verklären, sondern zu vertiefen und als aktuelle Forderung im Bewußtsein der Gegenwart neu zu intensivieren.
Künstlerisch am überzeugendsten gelang das dem englischen Komponisten Benjamin Britten in einer Kantate für Tenor- und Baritonsolo, Chor und Streichorchester, die sich stofflich auf die Geschichte vom Barmherzigen Samariter stützt. Der packenden Erzählung (in den schlichten, volkstümlich sinnfälligen Versen der Vulgata) paßt Britten mit der Stilempfindlichkeit, die ihn von jeher auszeichnet, die plastische, dramatisch spannkräftige Sprache seiner Musik an, in der er die geistige und musikalische Haltung seines bisher wohl bedeutendsten Werkes: des "War Requiem", aufgreift und weiterbildet.
Er erreicht hier eine Sparsamkeit der Mittel, die nichts weniger ist als etwa Verarmung oder brotlose Abstraktion, sondern, im Gegenteil, den Reichtum seiner Form- und Klangphantasie erst recht deutlich macht: vor allem auch in der Verdichtung und Steigerung seiner Ausdrucksintensität, die von vergeistigter Leidenschaft und hoher Noblesse des Empfindens erfüllt ist. Sie klang auch aus den beseelten Stimmen und der höchst eindringlichen Vortragskunst namentlich der beiden Solisten Peter Pears und Dietrich Fischer-Dieskau, die – neben dem Genfer Motettenchor und den Streichern des "Orchestre de la Suisse Romande" unter Ernest Ansermet – dem Werk und seiner Wiedergabe die Eindringlichkeit eines menschlichen Appells gaben.
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Heinz Joachim
La Tribune de Genève, 3. September 1963
Trois œuvres originales de Britten, Frank Martin et Lutoslawski Dirigées par Ernest Ansermet
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Des trois compositeurs qui ont orné de leur art la cérémonie nationale de dimanche, c’est indubitablement Benjamin Britten qui aura témoigné de l’adhésion la plus libre, la plus inspirée, à l’événement qu’il avait à célébrer.
En effet, au gré de sa Cantata Misericordium pour soli, chœur et orchestre, le compositeur britannique nous entraîne dans une sorte de méditation dramatique où la solennité du texte latin s’harmonise avec une mise en œuvre musicale qui est un chef-d’œuvre de simplicité, de sobriété d’accent, d’humanité en un mot.
S’il ne s’était accumulé tant de malentendus, tant de fausses interprétations autour de ce mot, je vanterais volontiers ici la naîveté de cette œuvre, tant la vérité de l’expression y est cernée avec précision et délicatesse.
C’est là l’œuvre d’un artiste que sa maîtrise et le raffinement de son métier n’ont point conduit au mandarinat dont se meurt actuellement la musique mais qui, au contraire, recherche assidûment les fins les plus authentiques et les plus traditionnelles de la création musicale.
Cet accent, admirablement mis en valeur par des solistes de la taille d’un Peter Pears et d’un Fischer-Dieskau, ainsi que par Ernest Ansermet, les chanteurs du Motet de Genève (dir. J. Horneffer) et les musiciens de l.O.S.R., l’auditoire réuni dimanche matin au Grand-Théâtre semble en avoir compris et goûté la rare saveur ; mais s’il m’est permis de formuler un vœu, c’est de voir très prochainemant reprise la Cantata Misericordium de Benjamin Britten dans le cadre de l’un des nos concerts.
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Ed. M.-M.
Journal de Genève, 2. September 1963
En triple création mondiale
Œuvres de Frank Martin, Witold Lutoslawski et Benjamin Britten
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Quant à la cantate de Britten, on a bien l’impression de se trouver en face d’une œuvre accomplie. C’est une fois encore l’occasion de s’étonner des réussites du compositeur britannique, qui fête cette année son cinquantième anniversaire. Cette réussite est d’autant plus remarquable que Britten – auquel on a souvent reproché une certaine facilité – recourt à des moyens d’une grande simplicité, mais avec quel art, quel sens de l’efficacité, quelle justesse de ton et quelle originalité dans leur emploi. Britten – je suppose dans une idée d’universalité – a choisi pour le texte de sa cantate la langue latine et – comme Strawinsky l’a fait pour son « Oedipus Rex » - il a confié à un spécialiste – en l’occurrence le vice-recteur du King’s College de Cambridge : Patrik Wilkinson – le soin d’établir ce texte latin de ton et quelle originalité dans leur emploi ! Celui-ci, d’ailleurs, n’a fait que reprendre la parabole du bon Samaritain, mais en la dramatisant en quelque sorte, de monière à provoquer un pathétique dialogue entre ses solistes et le chœur. Les angoisses du voyageur frappé et dépouillé par les brigands s’y expriment par la voix du baryton-solo – et quelle puissance expressive inouîe Fischer-Dieskau sut conférer à ce rôle ! – alors que le ténor – et Peter Pears y fut admirable à son tour – exprime plus particulièrement les élans de charité qui, après le passage sur la route du prêtre et du lévite insensibles, animent le bon Samaritain. Regrettons seulement que l’on n’ait pas disposé d’un chœur plus étoffé qui eût pu répondre avec plus de netteté et de relief à de tels solistes. Ce chœur avait néanmoins été préparé avec soin par Jacques Horneffer. Et je n’ai pas besoin de dire avec quelle dignité et quel sens de la ligne Ernest Ansermet conduisit son orchestre – cordes avec piano, harpe et timbales pour Britten, et le grand orchestre pour Martin et Lutoslawski.
Franz Walter