Zum Liederabend am 4. April 1971 in Paris


     Le Monde, Paris 5. April 1971     

Dietrich Fischer-Dieskau

     

Parce qu'il est un des rares chanteurs à ne pas transformer un récital en opération de charme, Dietrich Fischer-Dieskau nous a permis d'oublier, l'espace d'une soirée consacrée salle Pleyel aux Lieder de Beethoven, sa renommée, son métier, l'universalité de ses dons vocaux et expressifs.

De l'homme, dont on ressent surtout la présence presque "surnaturelle", on ne rerient guère, en effet, que le galbe lisse du visage, la courbe très beethovénienne du nez et des lèvres, quelques gestes impulsifs où, comme dans son regard tour à tour brûlant et voilé, s'extériorise par brusques débordements une tension intérieure généralement concentrée dans la musique.

Lors même qu'elle atteint à la  s i m p l i c i t é  la plus travaillée (come dans les Lieder opus 52 daté des années 1790-1792), sa technique vocale, pour accomplie qu'elle soit, ne sollicite elle non plus nullement l'attention tant elle comble la distance entre l'interprétation et le génie créateur: malgré un accompagnement assez terre-à-terre (Günther Weissenborn), c'est aux accents de Beethoven lui-même qu'une salle comble dut de vibrer ce soir-là, tel que le perpétuent de la façon la plus énigmatique le cycle bucolique A la bien-aimée lointaine ou les six Gellert-Lieder de 1803 qui, par leur mouvement ascendant de la prière au repentir comme par leur religiosité musicalement archaïque, rapellent de façon troublante l'itinéraire de Tamino dans le deuxième acte de la Flûte enchantée.

Anne Rey

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