Zum Liederabend am 12. Februar 1970 in Paris


Le Figaro, Paris, 14. Februar 1970

Fischer-Dieskau

[…]

Que faut-il admirer davantage chez Fischer-Dieskau? Le souffle imperturbable, la mémoire prodigieuse, l’art suprême avec lequel il ménage sa voix, point tellement ample, mais si ductile qu’entre un mezzo-forte et un forte, un monde s’inserit? L’émotion du timbre? La souple rigueur du style? Et, plus que-tout, peut-être, une confondante faculté de persuasion qui lui fait, en trois minutes, créer un univers subtil et raffiné à miracle? Bien d’autres qualités, encore. En chantant, il enchante.

L’étonnant est qu’il nous donne tout un récital de lieder du seul Schubert en ne recourant à peu près pas aux pièces à succès. Sauf An die Freunde, Litanei et Nacht und Träume, aucun morceau familier. Et, cependant, tout ce qu’il nous chante, nous le reconnaissons d’emblée comme nôtre. Car un tel artiste donne à ceux qui l’écoutent l’illusion de rêver en même temps que lui, ce que nous entendons semble jaillir de notre cœur. Aimer une œuvre, c’est s’en croire un peu l’auteur.

Du plateau de Pleyel, l’imagination s’élançait dans la chambrette de Franz Schubert, elle guettait sous le cirque lumineux de la lampe la plume magique qui traçait jusqu’à quatre ou cinq lieder dans une matinée – comme cela, sans effort apparent… Schubert trouvait, il ruisselait de musique et ne jugeait pas le vocabulaire épulsé. Dans la langue de son temps, il disait des choses éternelles…

Au piano, Karl Engel est un partenaire discret et irremplaçable: le modèle du genre.

Clarendon

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